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Art & Photo/Academy · Thèse

[#03] La guerre et le contexte économique et politique : Paris, centre de l'art et de l'avant-garde, Minseok KIM

by aTELIER 민석킴 2022. 12. 5.

[ La guerre et le contexte économique et politique : Paris, centre de l'art et de l'avant-garde ]





Minseok KIM


#03

La guerre et le contexte économique et politique

Paris à cette époque apparaît comme la Capitale du XIXe siècle(1), titre que Walter Benjamin a donné à son ouvrage qui traite de l’ère moderne et de la culture capitaliste. Cependant, il serait faux d’évaluer cette ville uniquement du point de vue fonctionnel. A ce moment-là, Clément Chéroux l’a bien noté, Paris apparaît aussi comme une plaque tournante du progrès : « l’industrialisation galopante et le développement des villes tentaculaires qui finissent par engloutir leurs habitants(2) ». Enfin, en Europe, la Grande Guerre se profile et provoque des bouleversements et la réémergence et l’accélération de tous ces phénomènes.

 

1. Deux Grandes Guerres mondiales

          La guerre a provoqué de nombreux changements. La Première Guerre mondiale, qui a duré quatre ans de 1914 à 1918, a entraîné le chaos. La France, qui l’a gagnée, semble être le pays le plus fort d’Europe continentale après la guerre, contrairement à l’Allemagne vaincue, à la Russie en proie à la révolution et à l’Angleterre occupée par son empire colonial. Partout en France, les absences dues aux nombreux morts, victimes de la guerre, créent de nombreux emplois dans les usines, les fermes, les mines etc., et ainsi la vague d’immigration commence au début des années vingt. Ce n’est pas tout. La guerre a également provoqué des déplacements de population pour des raisons politiques. Les persécutions dues au nationalisme et le désir d’échapper aux révolutions politiques et à la répression des dictatures sont également les principales raisons de l’augmentation du nombre de résidents étrangers en France. La France devient finalement le premier pays d’accueil des immigrés au monde(3). Les chiffres donnés dans leurs études des années vingt et trente, par Vincent Bouvet et Eugen Weber, et cités par Clément Chéroux, méritent d’être mentionnés :

 

« Au début du XXe siècle, la France comptait près d’un million d’étrangers, soit presque 3% de sa population totale. Leur nombre atteint 4% en 1921 avant de grimper en flèche à près du double dix ans plus tard. Entre 1921 et 1931, précise Vincent Bouvet, l’immigration représente jusqu’à 74% de l’augmentation totale de la population française(4). Comme l’a bien montré Eugen Weber, dans son étude magistrale sur les années 1930, « la France était devenue le premier pays d’accueil des immigrés, avant même les États-Unis(5) » (6).

 

2. Fuir l'oppression politique et les difficultés économiques

          Tous les bouleversements politiques, économiques et sociaux se traduisent par un afflux vers Paris. L’effondrement du régime des Habsbourg et la prise du pouvoir par Hitler en 1933 semblent être des facteurs décisifs dans la formation d’un flux qui échappe à l’autorité politique :

 

« En 1920, de nombreux artistes convergent vers Paris. Avec l’effondrement de l’Empire austro-hongrois, la carte de l’Europe centrale est redessinée. Les bouleversements géopolitiques, économiques et culturels engendrés par le traité de Versailles induisent de nouveaux flux d’émigration d’intellectuels, d’hommes de presse et d’artistes. Ils sont attirés par le rayonnement artistique de Paris et les valeurs universelles de la révolution de 1789. [...] La fin de la Nouvelle Économie politique (NEP) en Union soviétique, la crise économique de 1929 et l’accession de Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933 entraînent de nouvelles recrues vers Paris, terre de liberté́. L’émigration se poursuit pendant toute la décennie(7) ».

 

La situation politique en Europe est aussi étroitement liée à la situation économique de l’Europe entière. De la seconde moitié du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle, s’était déjà manifesté un intérêt pour vivre la Révolution industrielle qui affectait l’Angleterre et Paris, avec les développements technologiques, économiques et culturels qui en résultent – ce que nous appelons la Belle Époque. En outre la situation économique, conséquence de la Grande Dépression de 1929 survenue aux États-Unis et qui a duré jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, est considérée comme un facteur majeur et déterminant pour expliquer l’afflux de ces artistes à Paris dans cette période :

 

« L’arrivée massive de photographes à partir du milieu des années 1920, notamment de l’Est, pour des raisons économiques et politiques. Bien que la crise de 1929 frappe durement l’économie mondiale, l’activité en France connaît une décélération un peu plus lente que chez ses voisins européens, permettant le maintien d’une certaine effervescence dans le domaine de la photographie jusqu’au milieu des années 1930(8) ».

 

Cela a affecté non seulement l’histoire de la photographie, mais aussi celle de l’art et la culture en général. Ces facteurs politiques et économiques favorisent l’avènement d’un mouvement artistique à Paris, par exemple le surréalisme et les avant-gardes, si importants dans l’histoire de l’art et pour la culture contemporaine.

 

(Ensuite) - #04. Le centre de l'art et les avant-gardes

Paris, centre de l'art et de l'avant-garde

 

 

(1) Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXsiècle, Œuvres, t. III, trad. de l'allemand par Maurice de Gandillac, Pierre Rusch et Rainer Rochlitz, Paris, Gallimard, 2000, pp. 44-66.

(2) Quentin Bajac, Clément Chéroux et François Denoyelle. 2012 (dir.). « Voici Paris : modernités photographiques, 1920-1950 », op. cit., p. 40.

(3) On peut aussi citer un extrait entier représenté le détail de cet itinéraire, Clément Chéroux, « Du cosmopolitisme en photographie. Portrait de Paris en échangeur culturel » dans Quentin Bajac, Clément Chéroux et François Denoyelle. 2012 (dir.). « Voici Paris : modernités photographiques, 1920-1950 »op.cit., p. 33. : « Les raisons de la confusion résident en fait davantage dans la situation plus générale de la France à l’époque. Après la victoire de 1918, le pays apparaît comme la plus grande puissance du continent européen. L’Allemagne a perdu la guerre, la Russie est en pleine révolution, l’Angleterre, tout occupée par son empire colonial. La France bénéficie donc d’une aura d’attractivité, renforcée par le fait que l’une des autres conséquences de la guerre et de son million et demi de morts est d’avoir laissé l’Hexagone exsangue en main-d'œuvre. Dès le début des années 1920, le pays connaît donc l’une des vagues d’immigration les plus importantes de son histoire. Par phases successives, des Belges, des Polonais, des Hongrois, des Yougoslaves, des Italiens, des Espagnols, des Portugais et des Marocains viennent occuper les postes laissés vacants dans les usines, les fermes et les mines. À cette immigration économique, il faut ajouter les déplacements de populations pour raisons politiques : Juifs ou Arméniens fuyant les pogroms, ressortissants russes chassés par la révolution bolchévique, peuples de gauche redoutant les régimes autoritaires qui s’instaurent dès 1919, à commencer par celui de l’amiral Miklós Horthy en Hongrie ».

(4) Voir Vincent Bouvet, Gérard Durozoi, Paris, 1919-1939. Art et culture, Paris, Hazan, 2009, p. 21.

(5) Voir Eugen Weber, La France des années 30. Tourments et perplexités, trad. de l’anglais par P.-E. Dauzat, Paris, Fayard, 1994, p.123.

(6) Quentin Bajac, Clément Chéroux et François Denoyelle. 2012 (dir.). « Voici Paris : modernités photographiques, 1920-1950 »op. cit., p. 33.

(7) Ibid., p. 44.

(8) Ibid., p. 18.